
Un terroir aux multiples visages
La Drôme viticole n’est pas un bloc homogène. Elle se décline du nord au sud, de Tain-l’Hermitage à Nyons, en passant par les coteaux de Die et les plaines de Grignan. Chaque zone a sa lumière, ses vents, ses altitudes, ses sols. Ce morcellement fait la richesse du territoire, et donne à ses vins des personnalités contrastées.
Au nord, le climat plus frais favorise la culture de la syrah et du viognier. On y trouve des vins rouges structurés et des blancs d’une grande finesse. Plus au sud, les influences méditerranéennes prennent le dessus. Le grenache y gagne en maturité, les rosés se font plus fruités, et les assemblages expriment une générosité solaire.
Mais au-delà des cépages, ce sont les hommes et les femmes qui façonnent ces paysages. Les domaines sont souvent à taille humaine, transmis sur plusieurs générations ou portés par de jeunes vignerons en reconversion. Dans ces exploitations, le mot “terroir” n’est pas une abstraction marketing : il désigne une relation intime avec la terre, l’eau, le temps. Un engagement quotidien.
À proximité du Domaine Les Genêts, qu’on imagine volontiers cerné de collines et de broussailles dorées, plusieurs de ces exploitations familiales ouvrent leurs portes aux visiteurs, avec simplicité. On y parle franc, on y déguste sans fioritures, on y partage l’attachement à la terre drômoise.

Balades entre vignes et villages
S’aventurer autour des domaines viticoles de la Drôme, c’est aussi découvrir un art de vivre ancré dans les saisons et les paysages. De nombreux chemins de randonnée relient les parcelles de vigne aux bourgs anciens, souvent perchés ou blottis dans une combe. Entre deux dégustations, on peut ainsi partir à pied, longer les murets de pierre sèche, observer les oliviers qui bordent les clos, sentir l’air chargé de thym et de lavande.
Les villages du Tricastin, du Nyonsais ou des Baronnies possèdent chacun leur caractère : marchés animés, ruelles étroites, petites places ombragées. On s’y attarde pour un verre, un fromage de chèvre, une huile d’olive AOP. Les domaines viticoles sont rarement isolés : ils dialoguent avec leur environnement humain, historique et naturel.
Il n’est pas rare d’y croiser des promeneurs venus de résidences séniors proches, profitant de ces itinéraires paisibles pour s’imprégner des senteurs de garrigue et de la douceur du climat. Le tourisme viticole local s’adapte à tous les rythmes et à toutes les générations, en mêlant marche douce, découverte du patrimoine et plaisirs gustatifs.
Certaines communes développent d’ailleurs des boucles oenorando, balisées et pensées pour relier plusieurs domaines en une demi-journée ou une journée. On y croise les noms de domaines nichés derrière une haie de cyprès, souvent invisibles depuis la route. Ces chemins de traverse sont ceux que je préfère.

Des pratiques viti-vinicoles en mutation
Depuis quelques années, un mouvement profond traverse la viticulture drômoise. Signe des temps : le bio, autrefois marginal, est devenu la norme dans de nombreux domaines. La Drôme est même l’un des départements les plus engagés en agriculture biologique en France. À cela s’ajoute un intérêt croissant pour la biodynamie, les vinifications naturelles ou sans intrants, et plus largement pour des modes de production respectueux du vivant.
Ce changement ne se limite pas à une étiquette : il transforme le rapport au métier. On observe un retour aux pratiques anciennes – labour au cheval, vendanges manuelles, infusion des peaux – mais aussi une attention nouvelle aux cycles lunaires, aux énergies du lieu. Le vin devient une expression sincère de son environnement, mais aussi du travail humain derrière chaque cuvée.
Dans les caves à vin, les cuves béton côtoient désormais les amphores en argile. Le soufre est utilisé avec parcimonie, les fermentations sont plus lentes, les macérations plus longues. On parle d’écoute, de patience, de justesse. Ces démarches, loin d’être anecdotiques, dessinent un autre avenir pour la viticulture.
Autour du Domaine Les Genêts, plusieurs jeunes vignerons se sont lancés dans cette voie. Ils expérimentent, tâtonnent parfois, mais cherchent avant tout à produire des vins qui racontent la vérité du lieu. Des vins qu’on ne boit pas seulement, mais qu’on habite, comme une promenade familière.

Une invitation à ralentir
Ce blog est né d’un besoin : celui de transmettre autrement ce que je perçois en marchant, en observant, en goûtant les vins de la Drôme. Non pas dans l’urgence ni dans la frénésie du buzz, mais dans une forme de lenteur choisie. Prendre le temps de comprendre un cépage, un sol, un métier. Prendre le temps d’une visite, d’un itinéraire, d’un paysage qui se déplie au fil des heures.
Les domaines viticoles de la Drôme ne sont pas des destinations spectaculaires. Ce sont des lieux subtils, où chaque détail compte : la forme d’un chai, le chant d’un oiseau dans les vignes, la lumière de fin d’après-midi sur les collines. Ils se dévoilent à qui sait regarder, écouter, revenir.
À travers mes textes, je souhaite partager cette approche : sensible, précise, ancrée. Montrer que le vin est une porte d’entrée vers un territoire, mais aussi vers une manière d’être au monde. Qu’un domaine n’est pas qu’un lieu de production, mais un espace de relation, d’équilibre entre l’humain, le sol et le temps.
Entre Domaines et Genêts, c’est donc une invitation : à ralentir, à rencontrer, à s’émerveiller autrement. Que vous soyez amateur de vin, promeneur curieux ou simple amoureux des paysages drômois, j’espère que ces chemins, ces mots, vous donneront envie d’aller voir par vous-même.